il aime la pluie kô, et les jours de neige, lorsque les rues se teintent de blanc et qu'il s'enfonce dans les pulls de laine de grand-mère, lorsque les clients qui passent le pas de sa boutique ont de la buée entre les lèvres, lorsqu'il faut partager des tasses de café pour les faire rester, et les mots qui semblent se figer dans le silence, alors il aime le temps gris et blanc, il aime ces instants suspendus, et il a peur quand il voit les touristes et les promoteurs, parce qu'il veut garder son silence et ces moments hors du temps.

il respire nicotine et caféine, il inspire goudron, derrière son ordinateur, toujours, celui qui vit un peu comme un vieux, avec ses habitudes et ses croyances, mais c'est parce qu'il est tranquille,, kô, avec ses angoisses à lui qui se calment autour d'une cigarette et d'un bon café, et quelques barres de codes parfois, mais les angoisses elles viennent aussi des lignes infinies de symboles qui clignotent en pixels, surtout depuis quelques temps, mais ça donne un goût d'aventure, et ça se savoure encore mieux la clope au bec et la tasse à la main.

il refuse d'entrer au cimetière, dix ans de sourires aux voisins et de lettres écrites à l'univers mais le néant qui lui grignote un peu la poitrine quand il s'approche des urnes qui hurlent leur silence morne et l'absence de vie qui bouscule tout, kô il a promis de jamais plus y mettre les pieds, de plus y penser, sauf dans ses lettres et dans ses fleurs, mais il ira pas voir la pierre sombre où se dessine son nom parce que ça brûle encore un peu.

il a sur la peau les aventures éphémères d'une vie brulée, à chaque seconde d'une aventure qui se fracasse sur l'épiderme se dessinent les souvenirs. Des symboles aux lettrines, des pastels à l'élégance du noir, l'encre se délie sur la peau pour raconter une histoire, celle un peu brouillonne d'une vie qui palpite dans l'attente du brasier, les hirondelles le long du coeur comme une nouvelle bouffée d'un oxygène virtuel.

enfant autrefois chétif, il est resté longtemps enfermé kô, loin des fleurs et des étoiles, dans son petit lit d'hôpital, et pour oublier les heures cruelles de l'aube à l'aurore, sous les doigts le clavier qui craque. Étrange créature blafarde obnubilée par son écran, et la soif d'apprendre qui le dévore de l'intérieur alors il a joué à la souris, au fantôme entre les lignes, et l'homme qui ne connait plus la maladie joue avec les codes et les barrières, voleur virtuel, profaneur de pixels.